Genèse : Parlez nous un peu de votre vie. Comment étiez vous durant votre enfance? Qu'est ce qui vous a marqué? Qui étiez vous avant votre morsure?

Hum…D’après les dires de ma mère, je serais né un jour où le ciel pleurait des cordes, et le vent s’acharnait comme pour purger la terre de ses maux. Présage? A ce qu'il paraît. Mais elle m'a toujours considéré comme un ange aux yeux clairs. Un ange pleuré par les cieux? C'étaient ses mots. Mon père n’avait pas une aussi bonne opinion de moi.

Je suis donc né le 7 mai 1844, au sein d’une famille aristocratique. Je n’ai donc jamais manqué de rien, que ce soit en nourriture ou autre à tel point qu’on ne peut pas dire que j’ai été très économe durant ma jeunesse. Et mon père savait très bien me le rappeler entre le son mélodieux des disputes et des injures qu’il ne cessait de proférer à mon encontre. Mais ma mère savait m’aimer pour deux. Cependant, la naissance de Stefan, de 7 ans mon cadet, n’a pas vraiment arrangé mes relations avec Giusepe Salvatore. Lui qui était le plus doué de nous deux en cours, lui qui savait mieux que quiconque écrire des poèmes à vous damner, lui… Toujours lui. Mais je ne lui en voulais pas. Il était mon petit frère, et en tant que tel, je le protégeais du mieux que je pouvais. Pour dire, on était aussi différents qu’inséparables. Toujours fourrés ensemble, il était ma conscience et j’étais son côté dévergondé. Mais les femmes possédaient ce je-ne-sais-quoi qui terminait par briser nos plus chères certitudes. Et la sublime Katherine Linstead y parvint dans les règle de l’art. Il paraît que les liens entre frères sont indestructibles. Aujourd’hui je puis vous affirmer que ce n’est que foutaise.

Quelques temps avant de faire sa rencontre, je m’étais enrôlé, pour une raison qui m’échappe encore, dans l’armée américaine afin de faire mon service militaire. Heureux et réjoui de me sentir utile, j’allais enfin pouvoir donner à mon géniteur des raisons d’être de fier de moi. Mais pour tout avouer, j’ai très vite déchanté lors de ma première rencontre avec Katherine. A vrai dire, au début, je me suis intéressé à elle simplement parce qu’elle semblait avoir des vues sur Sef. On a toujours été en compétition avec les filles, une sorte de rivalité perdurait entre nous. Mais une rivalité joyeuse. On en riait bien après. Pas cette fois là. Katherine a eu raison de nos deux cœurs. Et elle s’est bien gardée de me prévenir que le mien demeurerait brisé pour l’éternité.

La chose qui m’a le plus marqué durant ma vie de mortel ? Elle. Le reste me paraît futile à côté. Elle a ensoleillé ma pauvre et misérable existence humaine. En échange, elle m’a pris la vie.
Katherine était une vampire. Une sublime mais sadique vampire. Et le pire, c’est que je le savais. Sa nature ne m’étais pas restée inconnue bien longtemps, et je n’ai rien fait pour l’arrêter. J’aurais dû. Pour nous épargner, mon frère et moi. Mais l’amour m’a frappé de plein fouet au moment je ne m’y attendais pas. Et je n’ai su que demeurer ballant face à cet être des ténèbres qui avait volé mon âme. Katherine était devenue en peu de temps le centre de mon existence, et peu à peu j’en vins à devenir jaloux de Stefan. La partager était chaque jour plus dur. Mais elle, elle refusait de le laisser. C’était avec lui, ou rien. Et stupide comme je l’étais, j’ai acquiescé. J’ai assumé, sans rien dire. Je l’ai partagée.

Parlons de votre nature vampirique. Comment s'est déroulée votre morsure? Votre transformation ?

Comment j’ai été transformé ? Demandez à Katherine, elle s’en souviendra mieux que moi. [rire]Je me souviens qu’une nuit où nous badinions ensemble, elle s’est amusée à me mordre à diverses reprises, et ce petit jeu ne m’avait pas déplu. Bien au contraire. C’est alors qu’elle s’est décidée à me faire boire de son sang. La première gorgée avait été horrible. Je me souviens surtout de son goût amer… goût tout à fait différent de maintenant. En fait, beaucoup de choses ont changé à présent. Mais là n’est pas le sujet.

Après cette nuit là, elle ne cessa de me donner de son sang, par petite dose, comme un dû après nos ébats charnels. J’ignorais qu’elle faisait la même chose avec Stefan, et lors de nos moments privilégiés, je me fichais totalement du devenir de mon cadet. Mais voila. Elle nous voulait tous les deux pour l’éternité. Et on ne le comprit qu’après. Cependant, les habitants de Mystic Fall, avec à leur tête, mon très cher père, savaient que des vampires étaient arrivés en ville, et ils eurent vite vent de la véritable nature de Katherine. Avec Stefan, nous sommes morts en voulant la sauver. Quelle ironie… Lui, ce très cher frère à qui j’aurais donné la vie… Me voila condamné à ruminer durant tout le reste de ma vie, à le maudire, lui et sa princesse. Ils m’ont tout pris. Et je les hais pour ça. Je les hais.

Ainsi, ma transformation s’est très mal passée. Ma nature me répugne, mon reflet dans le miroir me rend dingue. Je n’y vois qu’un homme de 25 ans, figé dans un temps qui n’est pas le sien. Un être brun à la peau lisse et aux yeux d’un bleu meurtrier. Qu’ai-je bien pu faire au ciel pour subir une telle sentence ? Encore aujourd’hui, environ 155 ans après, je me pose la question…

Le présent: Qui êtes vous à présent ?

Aujourd’hui je ne suis plus le jeune naïf que j’étais. Après plus de cent ans d’errance, j’ai su me forger un caractère en béton, basé plus sur la colère que sur les sentiments amicaux. Je ne suis pas mauvais pour autant hein, je laisse ce rôle à ma petit frère que je chéris tant… Mais s’il venait à me recroiser, il ne me reconnaitrait sûrement pas. Damon le frivole c’est fini. Agité oui. Instable certainement. Lunatique peut être. Mais stupide, plus maintenant. Je saurais l’accueillir comme il se doit. J’ai appris avec le temps qu’il ne servait à rien de prendre les gens avec des pincettes. Alors si une chose pouvait me caractériser aujourd’hui, c’est mon absence de diplomatie. A présent, mes réflexions peuvent être aussi violentes qu’une gifle. J’ai repris du poil de la bête, et ils le sauront. S’ils reviennent ici.

Et oui, je suis revenu à Mystic Fall, ma ville natale. Bien entendu, tous les habitants me croient descendants lointain de Giusepe Salvatore, membre d’une famille fondatrice. Je ne me voyais pas leur avouer que j’étais le Damon Salvatore d’il y a 145 ans… Le pire, c’est qu’ils m’auraient cru. Mais j’aurais signé mon arrêt de mort. Et mourir une fois déjà était amplement suffisant.

Le hic ? Les happy end n’existent pas. Et il a fallu que je rencontre le sosie parfais de Katherine. J’ai bien cru devenir fou la première fois où je l’ai aperçue. Mais cette fille n’était pas Katherine. Elle n’avait d’elle que son physique. Elle, elle s’appelait Elena Gilbert. C’était une jeune femme douce, intelligente, belle à se damner…et elle sortait avec une saleté de loup-garou. Oui, oui, j’ai une chance incroyable dans la vie… Et vous savez le plus drôle dans cette histoire ? avec le temps… je suis tombé amoureux de cette fille. Alors qu’elle ne me voit pas. Je pensais que ces sentiments humains étaient enfermés au plus profond de moi. Mais dès l’instant où j’ai croisé sa route, mes barrières se sont écroulées une à une, pour ne laisser qu’un vide… qu’elle seule pourrait combler… Mais une certitude s’est affirmée peu à peu. Je ferais n’importe quoi pour elle. Même si elle ignore jusqu’à mon existence…