Entrevue au lycée [Pv. Damon]

Je poussai un soupir… J’avais enfin fini cette journée qui m’avait paru interminable. En effet, pour moi le lycée était horriblement ennuyant surtout quand cela fait plus de 50 ans que l’on est dans la même classe et de ce fait qu’on étudie la même chose. Cependant, il faut avouer que j’adorais me mêler à la foule et plus précisément aux humains c’est d’ailleurs cette fâcheuse habitude de les manipuler à ma guise qui m’avait incitée à m’inscrire ici. Selon moi, rien n’était plus plaisant que voir de petits agneaux tels qu’eux croire à tout ce que je pouvais leur dire aussi farfelues pouvaient être mes paroles. Toutefois, à Mystic Falls, c’était aussi le goût du risque qui nous avait plu à ma sœur et moi. Nous savions parfaitement à quoi nous attendre en venant nous installer dans cette ville, plusieurs de nos contacts vampires, humains ou sorciers nous avaient averti des personnes qui y habitaient mais ces informations n’avaient fait que nous pousser à venir d’autant plus quand nous avons appris qu’outre les vampires, les chiens-chiens et une ou deux sorcières, il y avait là-bas, à l’abri et cachée aux yeux de tous, la pierre de lune que nous cherchions depuis des années. Celle-ci même qui était passée dans nos mains il y a plusieurs siècles mais que nous avions bêtement confiée à un congénère en pensant qu’elle ne nous serait pas utile. A cette époque-là, nous n’accordions guère d’importance au fait de pouvoir nous mouvoir librement au soleil puisque nous avions déjà cette faculté grâce aux bagues d’un vieil ami sorcier et surtout le plus important était que nous n’avions pas connaissance de l’existence des loups-garous ces chers petits chiots qui font un festin à chaque pleine lune en dévorant nos semblables.

Bref, les recherches pour cette fameuse pierre allaient pouvoir reprendre, j’avais toute la soirée pour m’y mettre voir même toute la nuit. Plaçant mon sac sur l’épaule de façon morne, je sortis du couloir où étaient exposés les casiers et traversai la hall pour atteindre le parking où j’avais laissé ma voiture. En parcourant ces quelques mètres, je sentis une forte odeur de vampire flotter dans l’air. D’habitude celle-ci n’était pas aussi présente étant donné qu’il n’y avait que deux autres vampires dans le lycée, une fille et un garçon que je ne voyais que rarement. De plus, celle-ci ne m’évoquait rien de familier d’ailleurs elle n’était pas fine comme celle des vampires femmes ce qui me laissait penser qu’il s’agissait d’un vampire. Tout en avançant, je me demandai finalement combien nous étions à nous être installés dans cette ville car en fin de compte je m’étais peu souciée de notre nombre et j’avais préféré laisser le temps faire puisqu’en ayant 592 ans je n’avais pas à me soucier d’une visite imprévue chez moi ou d’une rencontre inattendue. Ainsi, il est vrai que je prenais souvent mon âge pour une sécurité mais après tout il était rare qu’un vampire que je n’avais jamais vu parvienne à m’égaler puisque je connaissais pratiquement tous ceux nés à mon époque ou avant et j’avais d’ailleurs su brillamment m’en faire pour certains des alliés. Et oui, il fallait assurer sa survie de toutes les manières possibles pour avoir une chance de vivre plus de deux jours…

Claquant un vieux bouquin d’un coup sec, laissant ainsi échappée une nuée de poussière, Damon se demanda combien de temps encore il allait pouvoir supporter cette attente interminable. Il savait qu’ils reviendraient. Il le sentait. Il connaissait les deux vampires que trop bien, ayant été l’amant de l’une et le frère ainé de l’autre. Mais plus le temps passait, et plus cette rencontre inévitable le torturait. Il devait sortir, sa santé mentale en dépendait. Le beau brun se redressa, tout en soupirant de paresse, et admira dans quel état il s’était mis la veille. Des cadavres de bouteilles jonchaient le sol, tandis que le salon était en vrac. Décidément, être ivre mort ne lui réussissait pas. Et encore, il n’avait pas admiré son teint dans un miroir.

Se passant une main dans les cheveux, Damon pencha son visage, signe typique de lassitude chez lui, avant de ranger le carnage à une vitesse surhumaine. Il détester le rangement, mais le foutoir l’horripilait encore plus. Non, non, ce garçon n’était pas compliqué pour un sou.
Chose faite, il daigna enfin enfiler une chemise noir, faisant ressortir son teint ivoirin et ses yeux d’un clair irréel, puis il sortit en claquant la porte. Le soleil vint lui brûler les yeux l’espace d’un instant, le laissant aveugle quelques secondes. Le beau vampire aimait être dans des coins sombres, à l’abri de toute luminosité. Ce côté s’était accentué par sa nature vampirique mais il était déjà ainsi bien avant de rencontrer Katherine. Alors dès lors qu’il se trouvait confronter aux rayons du jour, il lui fallait un petit laps de temps pour s’habituer. Ha Damon n’avait aucun problème avec le soleil. Katherine ayant eu l’obligeance de lui déléguer une petite bague ensorcelée, le buveur de sang pouvait se balader à sa guise en plein jour.

Toutefois, il était rare que l’ainé Salvatore se promène la journée. Il préférait traîner dans les bars à la nuit tombée…Mais aujourd’hui faisait partie de ses jours où il avait ce besoin irrémédiable de sortir au soleil, de le sentir lui lécher la peau sans le consumer. Et de voir Satyana. Oui, aussi bizarre que cela puisse paraître, Damon avait besoin de voir sa petite amie. Il aimait Elena, mais elle ne savait pas lui donner le sourire aussi bien que sa petite blonde. Et, si c’était pour la voir en compagnie de son loup-garou…Très peu pour lui. D’un mouvement de poignet, il ouvrit sa Bentley continental rouge et fila droit vers le lycée. En temps normal, le vampire aurait fait profil bas, afin de ne pas attirer l’attention sur sa petite personne. Mais les gosses de riches ne manquaient pas dans cette ville. Ainsi, sa petite voiture chérie n’allait pas en faire ciller un.
La garant convenablement entre un Hammer et une Lamborghini, Damon accoutré de ses lunettes de soleil et de son sourire ravageur, entra dans l’enceinte du lycée de Mystic Falls. Sa beauté faisait toujours autant de ravage, les yeux se tournaient sans cesse vers lui. Et cette idée le fit sourire. Un sourire qui tiqua légèrement lorsqu’il sentit le parfum épicé de la mort, qui rodait non lui de lui.

*Hum… une nouvelle prédatrice vient tout juste d’arriver en ville… enfin un nouveau visage…*

Damon semblait serein à cette pensée, mais il ne l’était guère en réalité. Cette nouvelle arrivante pouvait signifier deux choses ; la première, elle n’était pas violente et ne ferait pas trop de dégâts. La seconde, et c’était bien celle qu’il redoutait, elle ferait un carnage et les ferait tous démasquer. Furetant du regard chaque visage qui lui passait sous le nez, le beau ténébreux finit par identifier l’intruse. Brune aux yeux bleus, habillées de manière normale…tout pour passer inaperçue. Cette conclusion le soulagea quelque peu. Il pourrait au moins tenter d’engager une conversation civilisée. S’approchant furtivement, il lui tapota légèrement sur l’épaule avant de se placer face à elle.

« Salut, t’es nouvelle en ville je me trompe ? »

Un peu pitoyable comme début de conversation, mais il n'avait rien trouvé de mieux. Après tout, il n'était pas son petit frère qui calculait tout jusqu'à ses moindres paroles...

Relevant légèrement la tête vers le ciel et fermant les yeux, j’inspirais avec délectation afin d’en apprendre plus sur le nouvel arrivant. En effet, il y avait de cela bien des années lors d’une rencontre imprévue avec une vampire plus âgée que moi, j’avais appris à mes dépends que notre façon de chasser et de se protéger des ennemis potentiels ne devait pas seulement résider dans notre puissance. J’avais ce jour-là, subit les conséquences de mon ignorance. M’étant instinctivement élancée sur ma proie sans plus de manières, je m’étais retrouvée l’instant d’après à terre, le visage recouvert de poussière et maculée de mon propre sang. Hébétée, je n’avais pas réagi et étais restée à terre face à celle qui m’avait désarçonnée. Heureusement, pour moi cette dernière n’avait pas eu l’intention de me tuer et s’était contentée de me donner quelques conseils sur notre organisme et les façons d’en tirer certains avantages… Elle m’avait donc en l’espace d’une nuit appris comment anticiper chaque attaque de l’adversaire et aussi à identifier un vampire inconnu et je peux dire qu’après plusieurs années ses conseils me sont encore précieux.

Ainsi, c’est sans avoir bougé d’un centimètre, que je reconnus en cette odeur âpre qui flottait dans l’air, la personnalité d’un vampire qui approchait les deux cents ans, de taille et de corpulence moyenne et aussi dégoûtant que cela puisse paraître qui était végétarien… Rien que l’idée m’horripilait, j’avais horreur du sang animal. Ce n’était pas parce qu’il n’avait aucun goût mais au contraire parce qu’il en avait un bien trop prononcé.
Sentant à la fois l’odeur devenir omniprésente et des bruits de pas résonner sur les quelques dalles qui jonchaient le sol herbeux, je ne pris même pas la peine de me retourner et attendis patiemment que le vampire se place face à moi, ce qu’il fit. C’est donc avec une certaine fierté que je constatai la précision et l’exactitude de mes prédictions. En effet, ce vampire était comme je l’avais décris sauf qu’il était brun avec les yeux d’un bleu très clair ce que je n’avais pas pu ressentir par l’intermédiaire de son odeur. Je remarquai vite qu’il semblait un peu tendu, sûrement ne savait-il pas à quoi s’attendre puisque je pouvais très bien être une tueuse en série ou alors une vampire pacifiste. En réalité, je ne me considérais comme faisant partie d’aucune de ces deux catégories, je pouvais très bien être une assoiffée de sang si cela m’arrangeait ou une vampire plus modérée et passive. En revanche ce que je ne pouvais pas changer c’était ce côté manipulateur qui me caractérisait. Cependant, il faut préciser que je ne jouais qu’avec les inconnus jamais je n’irais faire du mal à quelqu’un qui m’est proche et que je considère comme un membre de ma famille, j’étais tout de même née avec certains principes !

Toutefois, cela faisait plusieurs jours que je ne m’étais pas amusée et que je manquais de distraction, c’était donc pour moi l’occasion ou jamais de combler ce manque.
Aussi, c’est d’un sourire affable que je répondis à la question du vampire sans rien laisser paraître de mes intentions.

Oui en effet je suis nouvelle. Tu dois être le frère de Stefan Salvatore non ? J’étais entendu dire qu’il en avait un.

J’aurais pu rajouter que c’était Katherine qui me l’avait dit mais j’avais préféré en rester là pour ne pas faire ressurgir certaines affaires auxquelles je ne voulais pas prendre part aujourd’hui.
Continuant toujours de mettre en œuvre mon petit plan, je décidai de déstabiliser mon interlocuteur en prenant l’attitude d’une vampire assoiffée et je m’en foutiste.
Découvrant ainsi mes canines, c’est avec lenteur que le contour de mes yeux devint peu à peu noir et que mon iris se teinta elle aussi de couleur sombrei. Le changement terminé, je tournai sensiblement la tête vers les humains ameutés contre la porte du hall et dit avec un sourire sadique :

Qu’ils sont charmant aujourd’hui ! Tu veux qu’on partage ?

Puis après avoir aperçu du coin de l’œil une jeune fille au teint doré et à la chevelure blonde qui semblait à l’écart des autres je précisai à l’attention de mon vis-à-vis en gardant mon regard noir fixé sur elle :

Pourquoi pas celle-là d’ailleurs ? Une de plus ou une de moins je ne vois pas le problème.

Voilà la façon que j’avais de troubler les autres vampires et en même temps d’en savoir plus sur eux puisque s’il répondait affirmativement à ma demande il était certain que j’allais devoir protéger cette humaine et aussi tuer ce vampire pour qu’il ne nous fasse pas démasquer et ne détruise pas nos plans pour retrouver la pierre de lune.

Damon aurait dû se douter que Stefan ne le lâcherait pas de si tôt. La dernière fois qu’il l’avait vu, l’aîné des Salvatore avait sauvé in extremis Elena des griffes de ce démon. Et il ne gardait pas un savoureux souvenir de ces retrouvailles. Pis encore, sa haine envers lui n’avait fait que s’accentuer depuis cette nuit-son petit frère ayant tenté de tuer celle qu’il aimait profondément. Mais voila, Damon était un végétarien. Du sang humain il n’en avait pas bu depuis des lustres. Et depuis, l’être surnaturel avait perdu la moitié de ses capacités vampiriques. Notamment la force.

Alors au doux son de ce nom, il n’était pas étonnant que le vampire se raidisse quelque peu. Tous ses muscles s’étaient contractés à la savoureuse tonalité de « Stefan »… » « Stefan »…ce prénom agissait sur lui tel de l’acide, sa corrosion l’affectait comme un poison. Mais le Salvatore demeurait tout de même un vampire. Et comme tout bon vampire qui se doit, il savait mettre ses sentiments de côtés lorsque le moment se veut opportun. Et c’était le cas. Le beau ténébreux n’était pas du genre à montrer ses faiblesses au premier rendez vous. Il prit donc sur lui, sans grincer des dents, ni serrer les poings.

Il ne dit mot à l’énonciation de son frère, mais ne perdit pas l’occasion d’encrer dans sa mémoire qu’elle le connaissait, ou du moins, qu’elle connaissait son prénom. Ce qui voulait dire qu’elle connaissait forcément Katherine. Décidément, la journée s’annonçait riche en péripéties.

Et Damon eut beau ne pas répondre à la question de la charmante suceuse de sang au sujet de son cadet et de son lien de parenté, il n’en était pas moins qu’elle avait éveillé son intérêt. Car oui, l’un des plus gros défauts du végétarien était , outre son côté têtu, sa curiosité. Il ne put donc s’empêcher de toiser du regard la femme qui lui faisait face, cherchant la moindre faille émanant d’elle, avant de sourire d’un air narquois.

« Alors comme ça, tu connais mon petit frère. Intéressant… Et comment va-t-il depuis notre dernière…humhum … rencontre ? »

Et oui, la belle brune n’était pas la seule à savoir manipuler les gens. Damon excellait en la matière. Et sa remarque n’était pas sans arrière pensée. Car selon la réaction de son interlocutrice, il saurait si elle l’avait vu récemment, si elle était proche de lui, ou si, finalement, elle n’en avait que faire de sa personne. Ainsi, retirant ses lunettes, il les plaça dans la poche de sa chemise, avant d’observer les gens autour, les bras croisés sur sa poitrine. Cette position lui donnait une allure décontractée, tout en lui permettant, si besoin est, de se mouvoir facilement.

Damon scruta les lycéens. Ils ne se doutaient guère que leur vie, à cet instant précis, ne tenait qu’à un fil. Deux vampires dans les environs, rien de plus dangereux pour leurs petites jugulaires qui leur offriraient du sang à ne plus avoir quoi en faire. Et Damon ne se doutait point que cette même idée venait de traverser l’esprit de la mystérieuse suceuse de sang qui se tenait à ses côtés. Celle-ci se métamorphosa rapidement, semblant soudain assoiffée de l’élixir vital qui coulait dans des centaines de veines à l’entour. Et elle eut à peine le temps de lui indiqua une blonde plutôt mignonne qui n’était autre que sa petite amie attitrée, que Damon lui agrippa le poignet, assez brutalement pour lui faire mal, mais pas assez pour le lui casser. Il avait don de retenir toute l’attention de ses interlocuteurs, lorsqu’il le désirait.
Approchant son visage si près du sien que son souffle caressait la peau laiteuse de la jeune femme, le vampire prit un ton dur, contrastant avec le son mielleux de sa voix, et murmura aux creux de l’oreille de l’inconnue :

« Il y a assez de vampires ici, va te trouver un autre endroit pour chasser. »

A cet instant, Damon ne riait plus. Son sourire sarcastique avait fait place à une grimace à vous faire froid dans le dos et ses yeux étaient injectés de sang. Son visage n’affichait plus cet air taquin qui le caractérise, mais un air monstrueux qui rappelait des bêtes sorties tout droit des bouches de l’enfer. Ce qu’il était finalement.
Il existait une chose qu’il détestait presque autant que son frère et sa garce de compagne. Oui, il y en avait bien une. Ce sont les vampires qui se croient chez eux n’importe où, et qui sont prêts à faire n’importe quoi avec les humains. Notamment transformer une ville en carnage. Et ça, il ne le permettrait pas. Pas dans SA ville.

« Si j’apprends que tu as touché à un de ces humains, je te tue. »

Alors il lâcha sa prise, sans pour autant quitter la vampirette du regard. Des lycéens les observaient du coin des yeux, attendant dans l’espoir de voir un peu d’action qui transformerait la morosité de leur pauvre vie de mortels. Mais pour le moment, ce type d’action n’était pas au programme, pour leur grand bonheur. Puisque un combat entre deux vampires se termine toujours dans le sang, et les dommages collatéraux étaient inévitables lorsque des humains trainaient dans les parages. Et pour éviter un conflit, Damon ravala sa colère, révélant tout de même au passage quelques canines, avant de lui demander froidement, sans aucun tact que la politesse exigerait:

"Qui es-tu? Il semblerait que tu saches qui je suis. Il me parait donc normale d'en savoir autant sur toi. Histoire d'être à égalité."

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